Aujourd’hui je pense particulièrement à celles et ceux qui ont perdu un proche cette année, à celles et ceux qui nous ont quittés, collectivement, et qui nous avaient accompagnés, charmés par leur talent, et aussi à celles et ceux qui ont vu naître leur enfant.

Certains parmi vous l‘ont su. Je suis désormais dans le cours de la première année de ma seconde vie.
Elle a débuté le deux juin deux mille vingt, vers treize heures trente, et a commencé par la pose d’un « stent ».
La première s’est achevée par un infarctus, juste avant.
Je me suis vu partir, perdu contrôle, incapable de m’accrocher. Au plus fort de la crise, défiguré par la douleur, j’ai accepté ce qui arrivait, j’ai laissé filer.
Je pensais avoir fait tilt mais, c’est une partie gratuite qui à claqué, un bruit sec et métallique faisant le silence, pour une seconde, dans le bistrot bruyant de la vie.
Cet évènement n’a pas eu d’effet secondaire grave, grâce à ma femme qui a tout de suite compris et alerté les secours. Ils sont venus très vite. Je lui dois la vie. Je leur dois la vie.
A la sortie de l’hôpital, il m’a été recommandé de me tenir à l’écart du monde, la pandémie qui ravage risquant d’avoir sur moi des effets dévastateurs.

Ce n'est pas la même vie qui reprend et continue.
Comme c'est ma première année j’ai retrouvé l’innocence, l’émerveillement et la confiance, comme lors du commencement de ma vie d'avant. Quiconque ayant fréquenté un tout-petit sait de quoi je parle.
Innocence, émerveillement, et confiance.
Depuis, je me suis tenu autant que possible à l’écart des bruits et complots divers, ne cherchant à être informé que de l’utile. J’ai donc entendu tout ce qu’il y avait à savoir, comme je ne connais rien à ces choses j’ai écouté tel un enfant sage, avec confiance.
L’émerveillement, pour ce qu'il offre au regard, la splendeur d’un matin même gris, d’une feuille qui frissonne sous le vent, d’une goutte de pluie qui tombe sur une flaque d’eau, que des choses banales, magiques, je me suis mis à l’affut de tout ce qui vit, que cela soit grandiose ou minuscule, et tenter d’en faire une moisson quotidienne.
J’ai mis la confiance dans le temps qui passe. Le temps guérit de tout, le temps résous tout. La confiance c’est de l’ordre de l’intime, on nait, ou renait avec ou pas.
J’ai vu la laideur, où elle se tient. La bêtise aussi hélas. L’horreur du coin de la rue. Ces choses qui nous salissent, à trop les voir, alors qu’on se remet à neuf.
J’ai appris la patience dans la vie d'avant. Ça vient à force d’attendre, tout et n’importe quoi et pendant longtemps, du Père Noël à un visage aimé. Oui, savoir attendre, calmement.
Ce dont je me souviens aussi de cette vie là, c’est qu’il y avait du monde et du beau. Des amis, des collègues, qu’on étreignait sans retenue, dès qu’on se retrouvait, alors qu’on s’était quitté la veille. Oui, c’était doux et tendre. Ce sera à retrouver demain avec un peu de chance, reprendre le « faire » ensemble. En attendant le vaccin et la fin de tout cela. Patience.
La confiance offre l’espoir.
L’émerveillement entretient l’espoir.
L’innocence n’est qu’espoir.

Ce sera mon souhait pour 2021, je vous souhaite d'avoir en vous et de porter haut, l’espoir.